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11 mai, 05h30 du matin. Quelque part près de Sokcho, Corée du Sud
Je me fais réveiller en fanfare par l’organisateur du séjour des collégiens (voir article précédent). Tous ont en fait dormi ici, et à part eux, je suis le seul client de l’hôtel. Il utilise donc un mégaphone pour réveiller les écoliers. Pendant une heure, les instructions se succèdent : réveillez-vous bande de feignasses ! prenez une douche bande de gros dégueulasses, allez on se magne, on est pas là pour rien foutre, allez rendez-vous dans 10 minutes dans la salle de restauration, fissa. Allez, en vitesse, sinon je vais botter des fesses ! Bien sûr c’est mon interpretation personnelle qui n’engage que moi : il parlait en coréen. Et ça ne m’a pas mis du tout de bonne humeur cette manière d’être réveillé.
Bref, je me réveille plutôt du mauvais pied. Je me fais un bol de noodles, laisse mon gros sac à l’accueil et sors de l’hôtel. Il pleut/bruine, le ciel est bouché, justement sur les sommets que j’envisage de grimper. J’y vais j’y vais pas ? Je ne vais pas me laisser décontenancer par un petit peu de flotte, manquerait plus que ça. J’attrape un bus qui m’emmène deux kilomètres plus loin à l’entrée du parc. Bon dieu, il y a plein de monde ! En tout cas, ils ne dormaient pas à l’hôtel ! Enfin, si, une petite partie… Ca me botte moyen d’y aller avec tout ce monde… Je vais pas me laisser aller comme une vieille baltringue, quand même ! J’y vais.
Un petit sanctuaire bouddhiste en hors d’œuvre, puis je prends un large chemin un peu moins emprunté. Toujours de mauvais poil, j’enchaîne sur une paire de kilomètres. Jolie forêt, mais je n’en profite pas. J’arrive au bord d’un site remarquable, avec une grande falaise qui plonge dans les bassins d’un torrent. Mignon, tout plein, mais je ne suis pas là pour rigoler.
Je continue et peu après, un portail barre la direction du pic que je voulais escalader. « Closed ». Peut-être à cause des conditions météo ? Je prends un autre chemin, qui devient véritablement sentier de montagne. Je me sens un peu plus dans mon élément et fais monter un peu la machine dans les tours.
Pas la grande forme physique non plus, pas assez dormi. Je me pose et un petit écureuil vient me rendre visite. Nous papotons un peu, il me demande ce que je fais là, moi aussi.
Je continue. Seulement une autre personne sur le sentier, c’est tranquille, j’ai choisi le bon chemin pour éviter la foule. J’arrive à un croisement, une grotte est indiquée à droite : pourquoi pas aller faire un tour ? Je grimpe un escalier en fer qui surplombe une falaise jusqu’à un promontoire. Bien. Ca continue ensuite par un escalier très raide à flanc de rocher. Tout est trempé, ça glisse. Je ne fais pas le fier, je fais attention, monte les marches tranquillement une par une. Puis de nouveau un escalier en ferraille, cette fois carrément au-dessus du vide. Je ne fais vraiment plus le fier, malgré les garde-fous. Ca glisse quand même pas mal. Mais cette fichue grotte est indiquée toute proche ! Je continue, marche par marche lentement. Arrivé au pied de la grotte, un autre escalier, ultra raide, la pente faisant face à la falaise… Bon dieu, qu’est-ce que je fous là ??? Tout seul, sur un escalier en ferraille au-dessus d’une falaise de 200m de haut (enfin, c’est ce que je vois de clair, vu que plus bas, il y a trop de brouillard pour y voir le fond. Mes pas ne sont plus assurés, je tremble. Après un petit temps de réflexion, je renonce à 20m du but ! Dur ? Pas tant que ça : je n’avais pas le feu sacré aujourd’hui. Et puis tout s’est mis contre moi : l’organisateur nasillard du matin, la foule à l’entrée du parc, le chemin fermé, l’écureuil, les marches glissantes, la falaise, la pluie, le brouillard, et un coup de pompe moral pour couronner le tout. Parfois quand ça ne veut pas, ça ne veut pas.
Descente jusqu’au croisement. Un col indiqué quelques kilomètres plus loin. Ce sera très bien pour sauver la journée. Quelques mètres plus loin, sentier barré : accès interdit ! Décidément ! C’est dit, je redescends en maugréant, retrouve le sourire dans la vallée en saluant des groupes d’écoliers de tous âges qui me font des courbettes ou des « hello ! ». Je me pose à l’entrée du parc, il n’est même pas midi, un petit café, puis je redescends à pied à l’hôtel, en me demandant bien comment je vais reprendre pied dans cette journée.
depuis l'entrée du parc, un téléphérique permet de monter admirer la vue superbe dans les nuages.
Allez, pour terminer sur une bonne note, une sculpture en bois, le long d'un chemin fréquenté par des centaines d'écoliers ce jour là. Un sacré sens de l'humour, ces coréens !
