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23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 01:29

Georgetown, Guyana, 20 octobre - 17h00 (locales)

 

Je rentre faire mon sac, pendant que Maria s’affaire à confectionner une robe. Avant de partir, je vois un colibri (? A vérifier) butiner une fleur, scène magnifique.  Navin me dépose ensuite à l’agence de mon minibus, car c’est bien d’un minibus dont il s’agit. 4 rangées de trois, dont le chauffeur sur la rangée de trois à l’avant. Je me retrouve avec deux places pour moi, du moins j’y crois ! 5 minutes avant le départ, une femme un peu corpulente vient s’installer à côté de moi. Je me retrouve au milieu, la fesse gauche coincée sur l’armature du siège. Ca va être gai… Le minibus embarque en plus des passagers de multiples colis, bâchés avec nos bagages sur la galerie, ou bien sous les sièges, ce qui réduit encore l’espace pour les pieds.

C’est parti ! Enfin... 2 minutes plus tard premier arrêt, au bureau de l’immigration à Georgetown, contrôle des passeports. Le premier d’une longue série… Nous reprenons la route, et 5 minutes après, deuxième arrêt au KFC de la ville. Autant pour mes envies de pauses gastronomiques dans des petits bouibouis le long de la route. C’est d’ailleurs la première fois que je mange dans cette chaîne de restaurant. Verdict : pas deux fois !

Guyana 1174Cette fois, c’est vraiment parti. La route est bien goudronnée et nous avançons vite, reste le fait que je me dandine pour caler mes jambes, coincé entre ma voisine de droite qui me laisse peu de place et l’armature à l’extrémité du siège. Ma voisine de gauche se marre, c’est une habituée du trajet et elle a choisi un siège individuel, de l’autre côté du couloir de 15cm de large. Elle fait le trajet une à deux fois par mois pour apporter des marchandises de Manaus à sa sœur qui tient un magasin à Georgetown. Tandis que nous discutons, nous arrivons à un deuxième contrôle, à hauteur de Linden. Les étrangers sont bien sûr sujets à plus « d’attention » de la part de la police, et le policier essaie de me titiller sur la durée de mon séjour au Guyana mais, rien à faire, je suis parfaitement en règle et je réponds posément et avec assurance à ses questions. Nous repartons sous la pluie et, passé le pont sur la rivière, commence la piste en terre. Plutôt bonne au début, elle se dégrade vite, d’autant que les conditions météo se durcissent : pluie intense et éclairs nous accompagnent toute la nuit. Nous sommes obligés de fermer les fenêtres pour ne pas être trempés, ce qui a pour effet d’embuer le pare-brise du chauffeur, qui donne de temps à autre un coup de chiffon pour y voir quelque chose. Enfin, essayer du moins ! (voir le résultat sur la petite photo ci-dessus) Au menu : pluie battante, éclairs, buée sur le pare-brise, mais aussi brume formée 

Guyana 1176par la pluie sur le sol chaud, nids de poule, nids d’autruche, tôle ondulée, rétrécissement subits pour passer des ponts branlants en bois sans garde-corps, passages à gué, le tout de nuit avec un vieux minibus plein du plancher jusqu’à la galerie. En revanche la circulation devient quasi inexistante, à l’exception de quelques rares camions, pick-ups et 2 autres minibus qui font le même trajet que nous. Tout au plus 5 véhicules croisés par heure. Il faut dire que nous ne croisons plus ni village, ni habitations. Juste la forêt qui défile de chaque côté.

Je continue à discuter avec Joana qui m’apprend mes premiers rudiments de portouguechhh. Au niveau confort, double scoliose et arrêt de l’irrigation de la jambe gauche me guettent et je finis par céder à sa proposition d’échanger de place. Elle s’endort, à l’instar de tout le monde dans le bus, tandis que l’orage redouble d’intensité, mais le confort sommaire que j’ai retrouvé ne suffit quand même pas à ce que je puisse les imiter. Quelques secondes de somnolence peut-être jusqu’au nid de poule suivant. Dans ces cas là, j’ai toujours au moins un bras, une jambe, une tête qui me sert à me maintenir dans ma position tandis que le reste du corps est au repos. Le simple fait de fermer les paupières te repose les yeux, tu te dis que c’est déjà ça !

Le trajet se poursuit ainsi, rythmé par quelques pauses pour contrôle des passeports (je n’ai pas compté, mais j’ai bien dû montrer mon passeport à une douzaine de personnes différentes sur le trajet), ou compléter le plein à la deuxième et dernière station service croisée.

A 4h00 du matin, nous nous arrêtons au milieu de nulle part à une sorte de relais-étape sommaire où nous rejoignent les deux autres minibus qui ont plus ou moins fait la route avec nous. On s’arrête pour la nuit, nous dit le chauffeur, départ 05h00 demain matin ! J’imite quelques uns qui vont demander un hamac et s’installer sous un carbet. Petite nouveauté : la température a fraîchi pendant la nuit et, après les nuits perturbées par les moustiques, la chaleur et/ou
le bruit, c’est le froid qui m’empêche de dormir. Je m’assoupis néanmoins une demi-heure jusqu’à ce que le chauffeur nous réveille. Quelques centaines de mètres plus loin, je comprends pourquoi nous nous sommes arrêtés : il faut franchir une rivière à l’aide d’un petit bac, dont le service s’arrête pendant la nuit.

Guyana 1181Nous embarquons en marche arrière, à l’aide de quelques planches en bois assemblées qui servent de rampe entre la piste et le navire. Problème : un des « ballasts » s’est rempli d’eau pendant la nuit, sans doute avec l’orage, et le bateau gîte trop pour tenter la traversée. Deuxième problème : la pompe du bord ne démarre pas, et tandis que le jour se lève, tout le monde y va de son conseil ou de sa tentative. Au bout d’une heure, enfin, elle ressuscite. Nous attendons encore un peu que le ballast se vide et enfin, traversons la rivière. De l’autre côté, une « foule » de véhicules (6 ou 7 camions et minibus) attend, ce qui obligera sans doute le bac à faire 2 tours, vu sa taille…

Guyana 1185

Nous traversons ensuite un parc national (contrôle des passeports à l’entrée et à la sortie évidemment). Je peux enfin voir au jour cette forêt que nous avons traversée pendant la nuit. Végétation luxuriante, arbres gigantesques, des oiseaux multicolores et … des gerbes d’eau boueuse ! Nous avançons toujours aussi vite que possible en bondissant de flaque en flaque.


Subitement, la forêt s’arrête et laisse place à la savane. Drôle de sensation de pouvoir voir à des kilomètres à la ronde quand pendant des heures nous ne voyions qu’un mur de végétation autour de nous. Tout le monde est maintenant bien réveillé, et je reprends mes cours de portugais avec Joana et également avec Jenny l’autre voisine qui veut aussi apprendre le français. Chacun s’efforce de bien prononcer les mots, ce qui fait rire tout le bus.Guyana 1224

Avec la savane apparaissent quelques rares habitations, les premières depuis de nombreuses heures de route. Nous déposons 2 passagers au bord de la route, puis nous arrêtons dans un « Resort » pour écotouristes. Il faut le savoir et être motivé pour y aller, tant il est paumé au milieu de nulle part ! Pause petit déjeuner, et un délicieux curry de poulet pour tout le monde. La route se poursuit, mais le chauffeur commence à donner des signes de faiblesse. Etonnant après 16 heures de conduite dans des conditions dantesques avec en tout et pour tout ½ heure de sieste ! On lui donne des bonbons, mais finalement il s’arrête et se vide une bouteille d’eau sur la tête. Nous repartons, au milieu des termitières, avec quelques montagnes à l’horizon.

Guyana 1231Enfin, vers 13h, la pancarte Lethem apparaît ! Une sorte de bourgade avec des maisons éparpillées et trois quatre magasins de frontière.  Le chauffeur dépose tout le monde au poste de frontière guyanien. Après m’avoir expliqué la suite du trajet jusqu’à Boa Vista, et donné le numéro d’un taxi de ses amis à Boa Vista, Joana nous laisse, elle continuera le voyage plus tard. A 14h30, après avoir fait tamponner mon passeport, je suis au Brésil !

Guyana 1244

Pas de bus, je continue en taxi avec Jenny et un autre passager du minibus. Nous retrouvons l’asphalte et filons à 100km/h sur une route archi droite. Paysage de savane avec quelques marais et quelques rares champs. Le taxi nous dépose à la gare routière et Jenny appelle pour moi le taxi pote de Joana qui m’emmène dans une banque retirer l’argent qu’il a avancé pour moi au taxi précédent, puis me trouve un hôtel à 20€ la nuit. L’hôtesse d’accueil trouve le moyen d’égarer le papier de la douane glissé dans mon passeport, précieux sésame qui doit me permettre de sortir du pays. Après 20 minutes de palabres en anglo-hispano-portugais, elle le retrouve enfin. Je me pose à 17h30 dans ma minuscule chambre sans fenêtres. Ca fait 24 heures que je suis parti de chez Navin !

Premier constat, mon sac à dos, bien que protégé sous la bâche, a pris l’humidité et je mets mes affaires à sécher. Deuxième constat : je suis dégueu ! Grosse douche donc, puis je vais faire un petit tour au cyber-café et mange des brochettes et un peu de riz dans la rue. Troisième constat : je suis épuisé ! Epuisé mais heureux, ravi de ce trajet hors du commun. Je vais donc me coucher et dors 10 heures de rang dans des draps propres, sans problème de chaud, de froid, de moustiques ni de bruit, ni de coqs. 10h de rang, ça ne m'était pas arrivé depuis... pfff bien longtemps ! Depuis la France certainement, et encore...

 

Nota :

Ronan, j'ai paumé mon briquet goeland dans ce fichu minibus. Une belle fin...

 

 

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