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18 janvier 2012 3 18 /01 /janvier /2012 13:13

Quelque part sur la Ruta Cinco, entre Puerto Montt et Santiago, 30 décembre

Sièges cuirs inclinables, de la place pour les jambes, la Cordillère défile à l’horizon, sur notre droite. Nous remontons en effet vers Santiago d’où Fabrice part dans deux jours. Le brave ronfle tranquillement à ma gauche, nous avons en effet peu dormi lors de cette dernière semaine de folie à remonter cette route magique : la Carretera Austral.

 

Carretera Austral, vraiment très australe !

Villa O’Higgins, 22 décembre

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.             la sortie de Villa O'Higgins, où nous allons rester coincés un certain temps...

 

Paul, l'américain qui a fait la traversée de frontière avec nous et avec qui nous partageons la chambre, se réveille avant nous, mais est toujours à la sortie du village quand nous y posons nos sacs pour attendre une voiture. Pas de bus aujourd’hui, nous allons essayer de faire du stop. 100km plus loin, un bac passe trois fois par jour. Les rares véhicules partant du village le quittent donc environ deux à trois heures avant. Personne n’a pris Paul sur le premier créneau, nous patientons avec lui au bord de la route. Un pick-up rouge s’arrête, Paul va voir le chauffeur, qui l’informe qu’il ne part pas tout de suite, mais dans l’après-midi à 16h00 pour attraper le ferry de 19h00. Voilà toujours une solution de repli ! Quelques minutes plus tard, un Kangoo s’arrête et l’embarque. Pas de place pour nous, hélas. Nous patientons en improvisant une pétanque-caillou, mais à 11h30 nous nous rendons à l’évidence : plus personne ne passera avant la fin d’après-midi.

 

 

Nous revenons à l’hosteria, et passons le temps en discutant avec nos hôtes, préparant à manger, ou en nous baladant dans ce village du bout du monde (500 habitants).

A 15h30, nous revenons à la sortie du village où nous trouvons un israélien qui attend depuis une heure. Nous lui expliquons le principe des « créneaux » de stop dépendant du ferry, et que nous attendons depuis le matin. Un minibus vide s’arrête : le véhicule rêvé pour nous prendre tous les trois ! Il est d’accord pour nous prendre, mais nous demande 8€ par personne. Déception… que faire ? J’hésite, mais choisis de rester : le pick-up rouge de ce matin ne devrait pas tarder. Même chose pour l’israélien.

 

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.    Une petite pancarte encourageante, probablement gravée par un auto-stoppeur...

 

Quelques heures plus tard, il faut se rendre à l’évidence : ni le pick-up rouge ni aucune autre voiture ne passeront aujourd’hui… Mauvais choix ! Nous rentrons à l’hosteria El Mosco où les quelques cyclistes français que nous avons vu passer se sont arrêtés.

 

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Côté finances, notre situation devient très préoccupante. Voilà 7 jours que nous n’avons pas croisé de distributeur en état de marche… Nous nous renseignons sur les tarifs du bus qui part le lendemain matin. Il nous reste de quoi payer une nuit supplémentaire, et tout juste de quoi payer les billets de bus. Pas question de tenter de faire du stop demain : si nous échouons, nous serons à sec. J’oubliais de préciser que bien sûr il n’y a pas de distributeur à Villa O’Higgins (ça tombait sous le sens). Je vide donc toutes mes poches et finis par réunir la somme pour payer hosteria et bus. Il nous reste après très exactement 300 pesos chiliens, soit moins de 50 centimes d’euro… Quelques cubes de soupe et 3 sachets de lyophilisés feront l’affaire pour manger ce soir. Nous n’avons même pas de quoi nous payer une canette de bière pour deux, c’est vraiment la dèche ! Finalement Fabrice nous fera des chapatis avec un sachet de farine laissé par des clients de l’hosteria.

 

Départ de Villa O’Higgins, 23 décembre

Un minibus nous fait enfin décoller de Villa O’Higgins à 08h00 du matin. Sur les cent kilomètres qui nous séparent du bac, nous voyons en tout et pour tout une ferme. Le décor est sauvage à souhait, la piste serpente entre montagnes aux sommets enneigés, lacs, forêts et rivières.

 

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Les pentes et le bord de la route sont couverts de fuchsias à l’état naturel. Nos esprits se promènent, escaladent des montagnes, construisent des cabanes en bois, pêchent dans les torrents…

 

 

Nous montons à bord d’un petit bac pour traverser un fjord, tandis que le ciel se dégage. La route qui nous mène ensuite à Cochrane est encore une fois superbe. Nous jouons à être blasés : « correct, ce paysage, non ? mouais, pas mal ». Quelques essais de rimes sur la Carreterra Austral nous font pleurer de rire, le moral est au beau fixe, comme le ciel.

 

 

Nous arrivons à Cochrane en milieu d’après-midi. Ce n’est pas une capitale (3000 habitants) mais la « ville » a un distributeur !!! La Visa ne passe pas, mais la Mastercard si ! Nous voilà sauvés ! Nous posons nos sacs sur la place des armes (place centrale dans toute ville chilienne qui se respecte) et nous relayons pour aller faire quelques courses au supermarché, puis acheter des empanadas. Soudain, une voix familière à côté de nous : Paul ! Il a reconnu mon chapeau de loin et nous a rejoints sur la place. Il vient d’arriver en stop depuis Caleta Tortel, un petit port à l’écart de la route à mi chemin entre Villa O’Higgins et Cochrane. Nous nous racontons nos aventures respectives puis Fabrice et moi reprenons la route. Nous aimerions arriver à Puerto Rio Tranquilo ce soir. A la sortie de la ville, deux israéliens nous ont devancés et font du stop. Nous nous postons donc derrière et restons quelques heures à prendre la poussière, imités par Paul qui nous a rejoint. Plus de voitures qu’à Villa O’Higgins (tout est relatif), mais la plupart nous font signe qu’elles restent dans le coin.

L’endroit choisi par les israéliens n’est pas idéal, mais nous ne pouvons nous mettre devant eux, question de fair play. Nous apprenons l’existence d’une station-service 1 km plus loin. Changement de tactique : Paul Fabrice et moi nous mettons en route et marchons dans sa direction, à l’écart de la ville. Fabrice traîne encore la patte avec ses chaussures et ses ampoules mais il a encore son pouce magique ! La Fab’s touch en action : il réussit à arrêter un pick-up !!! Je me retourne, il fait signe de venir, je lui fais un signe de la main : 2 ou 3 ? 3 !!! Paul et moi revenons en courant au pick-up, occupé par 2 femmes et une adolescente. Nous jetons les sacs dans la benne et nous avec, tandis que la conductrice redémarre. Les cheveux au vent, plein soleil, paysage superbe (encore !), nous sommes euphoriques !!! Après plusieurs heures d’attente, plus notre échec de la veille à partir de Villa O’Higgins, ce premier succès sur la Carreterra Austral est jouissif ! « Life is good ! » comme dit Paul ! Le charme légendaire de Fabrice a encore fait des ravages !

La voiture ne va pas à Puerto Rio Tranquilo, mais s’arrête à Puerto Bertrand et ses quelques centaines d’habitants. Ca nous ira pour aujourd’hui ! Situé au bord d’un lac, le village est un vrai havre de paix où quelques cabanes accueillent les pêcheurs à la mouche. Nous en trouvons une pas trop chère que nous partageons à trois. Il n’y a que deux lits mais Fabrice joue encore les seigneurs et se dévoue pour dormir par terre, dans son duvet. Il n’y a pas de restaurant, mais notre hôtesse nous prépare une truite que nous accompagnons avec du mauvais vin en carton trouvé à l’épicerie du village. Nous refaisons le monde jusqu’à une heure du matin...

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De Puerto Bertrand à Coyhaique 24 décembre

Café, mais personne n’est tenté par la douche (pas d’eau chaude et il fait froid), puis nous partons tous les trois nous installer à la sortie du village. Après une petite hésitation sur le sens dans lequel il faut stopper, nous nous mettons en position. Ca ne se bouscule pas, et à peine 3 véhicules passent en deux heures. Le quatrième est un bus ! Nous l’arrêtons, tant pis pour le stop, nous avons envie d’avancer. Nous longeons un lac puis un deuxième, et arrivons à Puerto Rio Tranquilo, village qui porte bien son nom…

 

 

 

Nous descendons et nous mettons en quête d’un bateau pour aller voir la Capilla de Marmol, curiosité géologique du coin. Nous rencontrons 4 allemands avec qui nous partageons les frais et montons à bord de la barque. Plein soleil, eau turquoise, cadre idyllique, la vie est belle, une fois de plus !

En 20 minutes, nous sommes sur place. Le long de la berge, une combinaison de facteurs entre ancien glacier et éruption volcanique a créé de petites grottes de marbre que nous parcourons les unes après les autres.

 

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Le guide nous affirme que des gens se baignent parfois. L’eau est à quelle température ? Moins de 10 degrés… Fabrice me regarde, je sais déjà ce qui va se passer… Après une dernière visite où nous débarquons sur ou plutôt sous un petit îlot creux, Fabrice, Paul et moi nous jetons un par un à l’eau, sous le regard amusé des allemands. Elle est plutôt fraîche, voire trèèès fraîche !!!! Mais quel plaisir de nager dans ces eaux magnifiques ! Nous ne pouvons pas rester plus de quelques minutes d’affilée dans l’eau, nous enchaînons donc plongeons et séchage au soleil sur le marbre.

 

 

Bien entendu, personne n’a prévu de serviette ni de caleçon sec, nous faisons avec les moyens du bord pour nous sécher et nous réchauffer dans la barque sur le chemin du retour. Nous tenons une forme olympique !

 

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De retour au village, plusieurs stoppeurs sont déjà en position, ça sent mauvais pour nous ! Nous avons à peine le temps de prendre un sandwich qu’un minibus arrive. Le timing est parfait, nous abandonnons l’idée de faire du stop pour rejoindre Coyhaique, la seule vraie ville jusqu’à Puerto Montt, beaucoup plus au Nord. D’autres stoppeurs changent aussi leur fusil d’épaule et nous voilà donc avec 2 basques qui chargent leur vélo en soute, et 2 polonaises avec qui Paul papote pendant tout le trajet jusqu’à Coyhaique ; il est en effet polonais d’origine et le parle très bien.

Le trajet est encore une fois magnifique, notamment le passage au pied du Cerro Castillo.

 

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.                                         Le Cerro Castillo

 

Le chauffeur envoie la sauce, nous filons à plus de 100 km/h sur les portions droites de piste. Une fois passé Villa Cerro Castillo, nous retrouvons l’asphalte, pour la première fois depuis bien longtemps… Le chauffeur est déchaîné et nous rallions Coyhaique vers 21h30. Drôle de sensation de voir une petite zone commerciale à l’entrée de la ville après ces centaines de kilomètres sans absolument rien. Retour à la civilisation ! 

 

Nous voilà donc à Coyhaique, 21h30 le soir du réveillon de Noël, sans hébergement, apparemment pas de restaurant en vue... Il va pourtant falloir trouver une manière de fêter ça ! A suivre... 

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